LE FIGARO.
- Quel est votre sentiment après cette élection inattendue ?
Assia DJEBAR. -
Le plus
difficile a été de poser ma candidature. Mais j'ai éprouvé
beaucoup de plaisir à rencontrer les académiciens, à parler de
l'Algérie, du Maghreb, des langues, de la francophonie, de la
mémoire. Ces moments-là ont été très positifs. Je suis très
touchée que l'Académie m'ait reçue au fauteuil de Georges
Vedel, et j'aurai l'occasion de l'exprimer lors du discours de
réception. Vous êtes plus connue à l'étranger qu'en
France. J'écris depuis plus de quarante ans. Et pourtant,
en France, j'ai reçu un accueil plutôt confidentiel ; je ne
dirais pas que je suis un auteur qui souffre, mais je ressens
tout de même une certaine solitude ici. Alors qu'en Allemagne,
en Italie ou aux États-Unis, mes livres sont très biens reçus,
et j'ai des lecteurs fidèles. Cela dit, j'en ai aussi en
Alsace, depuis que j'ai écrit Les Nuits de Strasbourg !
Vous êtes une femme, d'origine algérienne, de culture
musulmane, vous vivez à New York où vous enseignez la
francophonie. Quel symbole représentez-vous ? Je ne suis
pas un symbole. Ma seule activité consiste à écrire. Chacun de
mes livres est un pas vers la compréhension de l'identité
maghrébine, et une tentative d'entrer dans la modernité. Comme
tous les écrivains, j'utilise ma culture et je rassemble
plusieurs imaginaires. Propos recueillis par M. A.
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